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L'Apple TV Plus est lancée : Ce que vous devez savoir
par Luca Fontana
Une humanité aveugle dans un lointain avenir dystopique : voilà comment résumer « See » en quelques mots. La première grande série Apple marque des points avec une prémisse excitante marquée d'un bon tempo – ou du moins au début.
Seuls trois des huit épisodes sont disponibles sur le nouveau service de streaming d'Apple, Apple TV Plus. Chacun dure une heure. Ce n'est pas suffisant pour un jugement définitif, mais pour une première impression. Et elle est très bonne.
Avant toute chose : cet article ne contient aucun spoiler. Vous ne lirez donc ici que ce que l'on sait déjà.
Baba Voss (Jason Momoa), chef de la tribu Alkenny, est aveugle. Tout comme le reste de sa tribu. Son pays. Le monde entier. Dans un avenir dystopique, à quelques siècles du présent, un virus a non seulement anéanti la majeure partie de l'humanité, mais il a aussi aveuglé les quelques personnes qui restent.
Dans ce monde post-apocalyptique, la vue est un mythe. Pire, c'est de la sorcellerie. Le simple fait d'en parler est considéré comme hérétique. Car les humais en sont convaincus : nous, leurs ancêtres, avons presque détruit la planète par le don de la vue. La foi dit que seule l'intervention de Dieu a empêché le pire.
Mais pour l'instant, Baba Voss prépare son peuple pour l'arrivée de l'armée. Elle est menée par Tamacti Jun (Christian Camargo), percepteur des impôts et général des chasseurs de sorcières. Son arrivée coïncide avec la naissance des jumeaux, qui ne sont pas les enfants biologiques de Baba Voss, mais que Voss aime comme les siens. Cependant, l'arrivée et la naissance ne semblent pas être une coïncidence. Ce que le chef Alkenny ne sait toujours pas, c'est que les jumeaux ont le don de la vue.
« See » offre un début fulminant aux spectateurs. Une bataille entre aveugles, menée à coup de bâton et de pierres, mais pas moins sanglante ou brutale que celles des films de guerre modernes. Voilà ce que j'appelle du grand art.
La série a été tournée en Colombie-Britannique, au Canada. Des paysages de montagne impressionnants et des forêts presque infinies caractérisent l'image. Un endroit plutôt hostile aux aveugles en fait. Mais Francis Lawrence, le directeur de « The Hunger Games », veut que l'on comprenne dès le début que la nature s'est remise. Qu'elle est mieux sans nous, les voyants. Et que cet avenir est tellement éloigné de notre présent que les ruines du cadre futuriste actuel sont déjà recouvertes de mousse et d'herbe.
Rien qu'au niveau visuel, « See » est d'une beauté à couper le souffle.
Il est vrai que « See » ressemble beaucoup au jeu « Horizon Zero Dawn ». Comme dans le jeu, les un à deux millions d'humains restants ont régressé pour former de plus petites tribus. La foi envers les dieux et leur volonté supposée domine leurs actions.
Il est clair que dans ce monde, la vue est réservée à Dieu. Ou du moins c'est ce que prêche sans cesse Queen Kane, une sorte de reine fanatique du peuple restant qui entend la voix de Dieu par le biais d'orgasmes. C'est aussi bizarre que ça en a l'air. Elle est jouée par Sylvia Hoeks, qui passe d'un comportement colérique maniaque à un calme calculé en quelques secondes ; comme Eddie Redmayne dans le misérable « Jupiter Ascendant ». Pour parler franchement ; non, ce n'est pas un compliment.
À aucun moment, « See » ne cherche à rendre son antagoniste, Queen Kane, intéressante. Elle est juste méchante. C'est tout. Et les spectateurs doivent simplement la détester. Voir même la haïr. Elle ne se préoccupe pas de la peur suscitée par le fait que les voyants puissent à nouveau détruire le monde, mais de la peur suscitée par le fait que les voyants puissent remettre en question son pouvoir. Mais avec son jeu bizarre, elle devient un personnage ridicule. L'équivalent du roi Joffrey dans « Game of Thrones », sans personnages méchants intéressants comme Tywin Lannister ou Ramsay Bolton, qui rendent le camp adverse excitant.
Une grande faiblesse de la série – heureusement la seule.
La plupart du temps, nous passons du temps avec Baba Voss, qui lutte pour mener sa tribu Alkenny en lieu sûr, alors que le général chasseur de sorcières est toujours sur leurs talons. Surtout dans le premier épisode, le réalisateur Lawrence dicte un tempo incroyablement élevé. Dans le deuxième épisode, ce tempo se perd un peu, mais se retrouve dans le troisième qui compense par une scène de combat brillante. Je ne veux pas vous en dévoiler plus.
Comprenez-moi bien : le potentiel de « See » est énorme. Surtout, car elle se montre dans un univers post-apocalyptique qui n'est pas envahi de zombies ou dégradé par une catastrophe nucléaire.
Au lieu de cela, la prémisse est si excitante qu'elle vous fait réfléchir avant même qu'une seconde de la trame n'ait été jouée : comment fonctionne une société complètement aveugle ? Steven Knight, créateur de la série et surtout connu pour « Peaky Blinders », ne pense pas à donner la réponse en deux minutes.
Bien au contraire. « See » se vautre littéralement dans les aspects techniques d'une population aveugle. Comment construire une maison ? Comment communiquer sur de longues distances quand personne ne sait lire et écrire ? Chercher la nourriture. L'approvisionnement en eau. Locomotion à pied et à cheval. La construction de ponts. Je constate à maintes reprises qu'il faut trouver des solutions créatives à des problèmes soi-disant banals. Mais pas seulement. Entre autres : Comment deux armées se battent-elles l'une contre l'autre sans se voir ? Est-ce que les guerriers en première ligne ont peur des lances s'ils ne les voient pas venir ?
Je ne peux m'empêcher d'être fasciné.
Aussi parce que « See » fournit des explications logiques à tous les problèmes. Par exemple au fait que certaines personnes aveugles ont développé génétiquement au cours des siècles une ouïe extrêmement fine. D'autres sentent la peur. Au sens propre du terme. De cette façon, une société qui, du point de vue technologique, pourrait au moins se situer à l'époque féodale peut se former.
En tant que voyant, j'ai du mal à juger si c'est aussi réaliste que le créateur de séries Steven Knight veut nous le faire croire. Mais l'illusion – si c'en est une – fonctionne. Et pour tout rapprocher des téléspectateurs, le réalisateur Lawrence a besoin de très peu d'expositions dans les toutes premières secondes. D'après la devise « show, don't tell ». Car nous, les téléspectateurs, comprenons le fonctionnement du monde de « See » par le biais des actions et des dialogues. Exactement comme ça devrait être.
Bien joué, Lawrence.
Je l'avoue, le risque que « See » s'appuie, à l'avenir, trop sur sa prémisse d'une société aveugle et devienne barbant, existe. Mais la fin du troisième épisode ouvre de nouvelles possibilités avec suffisamment de place pour d'éventuels conflits : la trahison, un passé sombre et secret, un amour interdit et même la corruption par le don de la vue. Oui, la suite s'annonce intéressante.
Finalement, « See » réussit à créer en peu de temps un monde apocalyptique immense, qui attache une grande importance à l'établissement d'une société future aveugle crédible. L'intrigue faible autour Queen Kane est décevante, mais au moins ça ne gâche pas mon plaisir.
Ou du moins pas encore.
« See » est diffusé sur Apple TV Plus. Les trois premiers épisodes sont déjà disponibles. Les cinq autres seront ajoutés chaque vendredi.
Vivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.»