
Canon EOS R5
45 Mpx, Plein format
Le nouvel appareil photo hybride à objectif interchangeable de Canon peut filmer en résolution 8K. Est-ce que c’est utile ? Non. Mais est-ce que je pourrais au moins m’en servir si je le voulais ? Là encore, la réponse est non.
Je suis en train de tester le Canon EOS R5. Sa caractéristique la plus remarquable est la possibilité de filmer en 8K. Mais il apparaît rapidement que c’est justement cette fonctionnalité si intéressante que je ne peux pas vraiment tester.
Canon EOS R5
45 Mpx, Plein format
Les soucis commencent dès que j’appuie sur le bouton d’enregistrement. Même la carte SD la plus rapide ne l’est pas assez pour enregistrer en continu les gigantesques quantités de données. Ou plus exactement : elle ne peut le faire que dans la qualité d’enregistrement la plus basse appelée IPB. Les niveaux de qualité All-I et RAW ne sont donc pas possibles sur SD. Il faut pour cela une carte mémoire de type CFexpress.
Je me procure donc une carte CFexpress. Il s’agit plus exactement d’une CFexpress de type B. Le type A, qui existe aussi, a une autre forme. La moins chère coûte actuellement CHF 275 ou EUR 279. Ajoutons à cela quelques francs de plus pour le lecteur de cartes.
Les 256 Go de la carte suffisent pour 13 minutes d’enregistrement au format RAW. Il faudrait de toute manière s’arrêter au bout de 20 minutes pour ne pas risquer la surchauffe de l’appareil photo.
Commençons par quelques précisions concernant les niveaux de qualité.
Avec le format RAW, comme avec le format photo RAW, les données brutes du capteur sont lues et stockées. C’est le niveau de qualité le plus élevé. Il n’existe qu’en 8K, car c’est la résolution originale du capteur. Les autres niveaux de qualité sont également disponibles en 4K et Full HD.
All-I comprime les images individuelles de la vidéo. Chaque image capturée est néanmoins entièrement sauvegardée sous forme d’image. Cela signifie que chaque image est une image-clé ou I-frame.
Ce n’est pas le cas de l’IPB. Ici, seule une image sur trois est sauvegardée intégralement comme image-clé. Les deux images intermédiaires (P-frame et B-frame) sont calculées à partir de la différence entre les images entièrement enregistrées. Cela permet d’économiser de l’espace de stockage, mais rend le montage vidéo moins flexible.
Pour les P-frames, la différence est calculée par rapport à l’image précédente, pour les B-frames par rapport à l’image précédente et à l’image suivante.
Si j’avais déjà ma carte CFexpress, je pourrais maintenant filmer en 8K en haute qualité. C’est sans compter avec le problème suivant : j’ai besoin d’un écran avec une résolution de 8K.
Mon écran ne peut même pas afficher la 4K. Comment trouver un écran 8K ? C’est loin d’être évident. Il y a bien des écrans 8K, mais aucun d’entre eux n’atteint la résolution que permet le Canon R5. Il y a 8K et 8K.
En principe, la 8K se comporte comme la 4K. L’appellation 4K elle-même ne signifie pas toujours la même chose. En général, on entend par là une des résolutions suivantes :
Avec la 8K, nous avons à nouveau deux résolutions différentes, à savoir le doublement de la largeur et de la longueur des pixels :
Le Canon EOS R5 peut filmer dans les deux résolutions 8K. Le format RAW n’est toutefois disponible qu’avec la résolution la plus élevée de 8192×4320 pixels, car il s’agit de la résolution native du capteur. Et actuellement, ni les téléviseurs 8K ni les moniteurs de PC 8K ne peuvent afficher cette résolution.
Bien évidemment, il n’y a pas beaucoup de différence entre 7680 et 8192 pixels. Le problème est que les 8192 pixels doivent être interpolés sur un écran UHD-II. L’image perd alors en netteté.
Mais supposons qu’il existe un écran de 8192×4320 pixels. Supposons que je l’aie sur mon bureau. Supposons en outre que la distance entre moi et l’écran soit satisfaisante : pas trop loin pour que je puisse encore remarquer la différence avec la 4K, mais pas trop près non plus pour que je puisse bien voir l’image.
Il me faudrait une nouvelle carte graphique. Je ne suis pas un gamer, mais une GeForce 3090 ferait déjà l’affaire. Il faudrait aussi que je m’équipe d’un nouveau PC. Le mien date de 2014. Et n’oublions pas non plus un nouveau logiciel de montage vidéo. Le mien ne peut pas exporter au-delà de la 4K.
Rajoutons aussi un peu de capacité de stockage. Après tout, on trouve désormais des SSD de 30 To. Chef, je peux mettre ça sur ma note de frais ? J’en prendrais trois. Parce qu’un disque SSD ne peut contenir que 30 heures d’enregistrement en 8K RAW.
Jusqu’à présent, j’ai toujours choisi l’abonnement Internet le moins cher. Cela suffit pour mes activités normales, mais là, on sort de ce cadre. Cela dit, je ne suis pas sûr que mes réserves de temps et de patience résistent au chargement d’un demi-téraoctet sur YouTube.
En parlant de YouTube, c’est déjà bien que je puisse charger des vidéos en 8K. Mais on n’est pas encore tiré d’affaire. Dans Firefox, ma vidéo 8K s’arrête au bout de deux secondes lorsque je veux la visionner avec la résolution la plus élevée. Dans Chrome, ça marche, mais c’est saccadé et l’image manque de netteté même sur mon écran Full HD.
J’ai des exigences tout autres pour un test d’appareil photo. Je voudrais vous montrer la différence entre RAW, All-I et IPB. Mais YouTube comprimerait certainement le fichier. Je ne suis même pas sûr de la signification exacte du réglage 4320p. YouTube laisse-t-il les 8192 pixels ou la résolution est-elle réduite à UHD-II ?
Même si toutes les conditions étaient réunies de mon côté, cela ne servirait à rien si vous n’avez pas un écran 8K.
Les enregistrements 8K peuvent aussi être utiles pour créer des vidéos 4K. Une vidéo 4K convertie à partir de la 8K devrait théoriquement être plus nette qu’une vidéo enregistrée directement en 4K. Un sous-échantillonnage en 4K de ce type ne nécessite pas forcément un écran 8K. Le logiciel vidéo doit être capable de traiter la 8K, mais pas de l’exporter.
Si je réussis à faire un test plus significatif, je referai un article à ce sujet. Sinon, nous reparlerons du 8K dans cinq ans quand toute l’infrastructure aura suivi.
Mon intéret pour l'informatique et l'écriture m'a mené relativement tôt (2000) au journalisme technique. Comment utiliser la technologie sans se faire soi-même utiliser m'intéresse. Dans mon temps libre, j'aime faire de la musique où je compense mon talent moyen avec une passion immense.