
Point de vue
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par Luca Fontana
Dans la première bande-annonce de "Kraven the Hunter", les studios Sony promettent un film digne et brutal pour le méchant de Spider-Man. Mais en y regardant de plus près, mon enthousiasme fait place à l'horreur pure. Sony risque-t-il de rater le prochain méchant de Marvel ?
"Fuck yes", a déjà déclaré l'acteur principal Aaron Taylor-Johnson, lorsque les premières images animées de "Kraven the Hunter" ont été montrées à un public sélectionné lors de la dernière CinemaCon. En effet, le film original du méchant Spider-Man est classé R. Cela signifie que les images sont sanglantes et violentes, comme dans un film d'horreur. La première bande-annonce officielle est donc barbare. Par exemple, lorsque Kraven, dans sa rage, mord le nez d'un malfrat. Aïe !
Je suis sceptique. Pas à cause de la classification par âge. Je la trouve même bonne, car elle correspond à la nature du personnage. Kraven est en effet connu pour sa violence brute. Mais "Kraven", le film, s'écarte tellement de la bande dessinée que je crains que Sony ne gâche complètement le personnage.
Kraven n'est pas un homme ordinaire. Il est né Sergei Kravinoff en 1917 à Volgograd, en Russie. Son école de vie a été la Révolution russe. En effet, le pays menaçait de s'effondrer sous le poids des inégalités sociales, politiques et économiques. En conséquence, les paysans et les ouvriers ont commencé à se révolter contre la classe supérieure élitiste et le régime tsariste. Les Kravinoff, une riche famille russe, se sont vus contraints de fuir la Russie - pour l'Afrique. L'endroit où Sergei allait bientôt se faire un nom comme le plus grand chasseur ayant jamais vécu:
Kraven.
Son parcours n'est pas le fruit du hasard : même avant la révolution, la famille de Kraven entretenait une longue tradition de chasseurs et de guerriers. Son éducation était donc stricte, impitoyable et brutale. Dès son plus jeune âge, il a reçu un enseignement complet sur les différentes techniques de chasse et les arts martiaux. Mais ce n'est qu'après avoir acquis une force et une endurance surhumaines grâce à des rituels mystiques et à l'ingestion d'une herbe spéciale qu'il est devenu le chasseur le plus redouté de son époque. De plus, les herbes lui conféraient une longévité anormale.
C'est ainsi que Kraven a parcouru le monde et s'est constitué une impressionnante collection d'animaux exotiques et de trophées. Mais surtout, il se vantait de chasser sans armes. En effet, quelle que soit la taille et la dangerosité de sa proie, lui, Kraven le chasseur, l'abattrait à mains nues. Mais après des décennies de chasse, il s'est rendu compte que ses objectifs de chasse traditionnels ne lui apportaient plus de satisfaction. C'est ainsi qu'il a tourné son attention vers une nouvelle proie ultime : Spider-Man.
Dans les comics, Kraven n'est pas un méchant pour lequel on éprouve de la compassion. Il est cruel. Sans scrupules. Tout à fait inhumain. Il tue des animaux pour le plaisir de la chasse. Et quand il s'en lasse, il tourne son attention vers un super-héros. Plus le défi est grand, mieux c'est. C'est déjà bien. Mais ce qui rend Kraven vraiment fascinant en tant que méchant, c'est sa méthodologie. Sa chasse. Kraven observe toujours attentivement ses proies avant d'attaquer. Il évalue ses forces. Analyse leurs faiblesses. Et élabore ensuite un plan rusé pour avoir toujours une longueur d'avance sur elle.
Film-Kraven semble bien loin de tout cela. Il commence par être adouci. Ce n'est pas Kraven qui est méchant, mais son père au cœur froid, joué par Russell Crowe. Et quand on demande à Kraven dans la bande-annonce pourquoi il chasse, je lève les yeux au ciel :
"Mon père introduit le mal dans le monde. Je le fais sortir"
Aha. Donc, en fait, Kraven rend service au monde. Mais pas de la manière dont un super-héros normal le ferait. Cela fait de Kraven un... enfin, si ce n'est pas un anti-héros, peut-être un anti-vilain ? Bailleur ! Après "Venom", "Morbius" et "Black Adam", il est temps que le genre des super-vilains ait enfin un film de super-vilains qui prenne réellement le mot "super-vilain" au sérieux. "Kraven the Hunter" ne semble pas être ce film.
En fait, dans la bande-annonce, le père de Kraven fait un Kraven de bande dessinée beaucoup plus précis. Pas seulement du point de vue de l'apparence de Russell Crowe et de sa voix grave. C'est sa nature crapuleuse, corrompue et impitoyable qui me rappelle bien plus le Kraven des comics qu'Aaron Taylor-Johnson avec son anglais soyeux, son visage parfait et son eightpack huilé.
Mais la palme revient à la scène de la bande-annonce où Kraven acquiert une force surhumaine : en tentant d'abattre un lion, le sang du félin sauvage s'infiltre dans une blessure de Kraven. Et donc dans son corps. Voilà. Et maintenant... cela fait de lui un super chasseur. C'est un miracle que le lion n'ait pas été radioactif - c'est ce qui rendait l'araignée de Spider-Man spéciale, après tout. Mais Kraven n'acquiert pas seulement la force du lion, il peut aussi désormais établir une sorte de lien avec les animaux. Ceux-ci se mettent alors à chasser les méchants de papa à ses côtés. Probablement des mercenaires. Ce n'est pas grave si c'est pour Hollywood. De toute façon, les mercenaires sont la lie de l'humanité, ils ne méritent pas mieux - encore une chose que j'ai déjà vue dans "Morbius" et "Black Adam".
Le pire, c'est que les animaux deviennent soudain les alliés de Kraven. Alliés ! Kraven le chasseur, qui dans les comics tue des animaux pour le sport et pour la gloire, s'allie avec eux dans le film ! Pourquoi, Sony, un méchant n'a-t-il pas le droit d'être un méchant ? Pourquoi cette édulcoration constante ? Surtout ici, dans un film R-Rated qui s'adresse de toute façon à un public adulte et n'a pas à tenir compte des jeunes cinéphiles perturbés ! Je crains qu'en fin de compte Sony ne se soit libéré de ses entraves restrictives pour rien.
Et pourtant, Sony n'aurait pas besoin de regarder bien loin pour voir comment faire fonctionner Kraven correctement. C'est-à-dire dans son propre studio de développement de jeux Insomniac Games. C'est là que Kraven the Hunter fera ses grands débuts sur Playstation 5 dans "Spider-Man 2". Regardez cette bande-annonce et dites-moi que ce n'est pas cent fois mieux - et plus précis.
Vivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.»