« Weird West », un voyage captivant dans un Far West décalé

Philipp Rüegg

31/3/2022

Traduction: Sophie Boissonneau

Cinq personnages que tout oppose avec un lourd secret commun, un système de combat qui laisse place à l’expérimentation et un Far West Tout cela fait de « Weird West » une chevauchée extraordinaire.

Le nom en dit long. Dans Weird West, vous rencontrerez non seulement des cowboys et des Amérindiens à la gâchette facile, mais aussi des hommes-cochons incompris et d’occultes magiciennes. Le Far West de Weird West rappelle la sombre saga fantastique La Tour sombre de Steven King ou la série HBO Lovecraft Country. Sauf que dans le jeu, le racisme vise de supposés monstres plutôt que des personnes à la peau noire.

Weird West est disponible dès maintenant sur PC, PlayStation, Xbox et est inclus dans le Game Pass.

Le jeu est développé par Wolfeye Studios, un studio crée par un co-fondateur et un ancien directeur exécutif d’Arkane. À l’origine de jeux comme Prey ou Dishonored, ils ont disséminé leur ADN un peu partout dans Weird West. La vue à la première personne a certes cédé la place à la vue de dessus, mais l’approche tactique et la liberté dans le jeu sont bien présentes.

Cinq personnages, cinq actes

Dans Weird West, vous incarnerez tour à tour cinq personnages aux histoires interconnectées. Pour commencer, vous vous mettez dans la peau d’une ancienne chasseuse de primes qui, après un attentat contre sa famille, dépoussière, ou plutôt déterre ses fusils et se lance à la poursuite des bandits.

Le monde est composé de nombreuses localités, de fermes et de mines dans lesquels vous pouvez vous rendre via la carte du monde couverte de fumée au début du jeu. L'un des premiers endroits que vous visiterez s’appelle Crackle. Dans ce bled poussiéreux du Far West, vous trouverez non seulement des indices sur l’enlèvement de votre mari, mais aussi sur l’étrange marque au fer rouge dans votre cou. La cinématique d’introduction nous montre deux personnages se tenant devant une personne voilée et affaissée sur une chaise et laisse entendre que des choses surnaturelles sont à l’œuvre. Dans la même pièce, on peut distinguer les ombres de cinq autres personnes. La première d'entre elles se révèle être la chasseuse de primes.

Système de combat

De retour à Crackle, la piste vous mène, après une brève discussion avec le shérif local, dans un camp de bandits. C'est là que l'on voit pour la première fois la polyvalence du système de combat de Weird West. Les niveaux sont généralement délimités de manière à permettre différentes approches. Comme toujours, vous pouvez brandir les armes et tuer tout ce qui bouge, une tactique qui a fait ses preuves. Les nombreux revolvers, fusils à pompe ou bâtons de dynamite vous y invitent. Si vous sautez sur le côté en tirant, le temps se ralentit, ce qui donne lieu à des moments épiques à la Max Payne ou à la Matrix. Cependant, les ennemis se retranchent rapidement derrière des obstacles, vous encerclent ou foncent sur vous, machette à la main. Le tir peut être une véritable épreuve puisque vous devez déterminer la bonne distance de tir en même temps que vous visez.

Il vaut la peine de prendre en compte l’environnement dans votre tactique. Avant le combat, vous pouvez placer les fûts d’huile, de poison et de dynamite qui traînent dans les environs de manière à créer ensuite des explosions en chaîne. En combat, vous pouvez pousser les barils pour les faire tomber sur vos ennemis ou encore enflammer les barils de pétrole en tirant sur les lanternes à pétrole. L'eau et les décharges électriques sont d’autres manières amusantes d’éliminer vos ennemis. Vous pouvez encore grimper sur les toits des bâtiments pour prendre les ennemis pour cible. Ou encore, descendre un puits asséché en rappel et vous faufiler derrière les lignes ennemies en empruntant des tunnels souterrains.

Outre la visée et le tir, vous pouvez débloquer trois ou quatre compétences par personnage et par type d’arme. Les compétences dans le maniement des armes sont identiques pour tous les personnages. La compétence High Noon vous permet de tirer automatiquement avec le revolver sur toute cible à portée. Le tir explosif vous permet de tirer des balles explosives avec le fusil de chasse, tandis que le tir silencieux ajoute un silencieux à votre arme pour le prochain tir. Les compétences des différents personnages leur sont spécifiques. La chasseuse de primes peut brièvement charmer les ennemis et en faire des complices ou donner des coups de pied au cul extrapuissants pour les étourdir pendant 20 secondes. Je préfère ne rien dire sur les personnages suivants pour ne pas vous gâcher la surprise.

De plus, vous pouvez recruter jusqu’à deux compagnons et les doter d’armes et d’autres équipements. Et si les personnages survivent à leur chapitre, vous pourrez les croiser et les recruter dans le chapitre suivant pour profiter de leurs compétences spéciales. Génial, non ?

Malheureusement, je dois dire que tirer dans tous les sens vous permettra presque toujours d’arriver au but. Pour plus de variété, je dois presque me forcer. Cela est notamment dû aux commandes quelque peu compliquées, j’ai principalement joué au clavier et à la souris. Je me déplaçais avec WASD et utilisais la souris pour viser et tirer. Les différentes compétences des personnages se trouvent par défaut sur les touches un à quatre. Je peux me souvenir des affectations, mais le problème c’est que les compétences changent en fonction de l'arme que j’ai équipée. Les cinq types d'armes (pistolet, revolver, fusil à pompe, arc et arme de mêlée) donnent, avec les compétences du personnage, plus de vingt actions que je pourrais effectuer. Sans oublier que chacun des cinq personnages à ses propres compétences... Il est donc difficile de garder une vue d'ensemble pendant le combat. Heureusement, il y a le mode tactique qui permet de ralentir le temps en appuyant sur un bouton. Je n’en ai malheureusement même pas eu conscience pendant les dix premières heures de jeu. Ne faites pas la même erreur que moi !

Avec la manette, les différentes compétences sont un peu plus faciles à sélectionner et les mouvements sont également plus précis avec le stick analogique. En revanche, il est nettement plus difficile de viser les ennemis qui courent dans tous les sens, raison pour laquelle je suis passé à la souris et au clavier après quelques heures.

Un monde vivant et mystérieux

Le monde et ses mystères m’ont encore plus séduit que le système de combat. Que ce soit dans le cadre des cinq histoires principales, d'une quête secondaire, d'une chasse au trésor ou d'une des nombreuses rencontres fortuites lors d'un voyage, il y a toujours quelque chose à découvrir et à vivre : une mystérieuse sorcière me défie dans un duel de baffes, une secte de sirènes carnivores m'attaque ou je joue les entremetteurs entre deux cowboys. L'histoire devient de plus en plus confuse à chaque nouveau personnage.

Le monde évolue lui aussi en permanence. L'alternance dynamique jour/nuit n'est pas seulement esthétique. La nuit, la plupart des personnages dorment, ce qui se prête bien aux infiltrations et aux vols. Le déroulement de la journée signifie également que le temps progresse dans le jeu. Ainsi, certaines quêtes, comme les missions de tueur à gages doivent être accomplies dans un délai déterminé. Et vos actions dans le jeu changent le monde. Ainsi, un village fantomatique que j'ai sauvé d'une invasion de zombies était à nouveau plein de vie lors de ma visite suivante. Cela m’a notamment ouvert de nouvelles possibilités de commerce, mais aussi de nouvelles quêtes secondaires.

Vos actions influencent le cours de l’histoire, les décisions sont relativement manichéennes, mais ne manquent pas de profondeur. Allez-vous prendre parti dans le conflit entre les Amérindiens et les fermiers, ou préférez-vous rester spectateur ? Allez-vous demander pardon pour vos actions passées ou vous venger du mal qu’on vous a fait ? Sacrifier le tueur ou le voleur ? Vous pouvez aussi éliminer n’importe quel personnage du jeu, y compris les personnages principaux. Je me suis ainsi débarrassé d'une personne à qui j'ai dû en dire plus que je ne le souhaitais pour arriver à mes fins. Deux coups rapides de la bien nommée carabine Black Mountain Widowmaker et le problème est résolu, n'est-ce pas ? Jusqu’à présent, je n’ai pas remarqué de grands changements liés à mes choix dans le monde. Il me reste encore un dernier chapitre.

Lorsque vous ne suivez pas la quête principale, vous pouvez vous déplacer librement sur la carte et vous rendre dans tous les nouveaux points découverts. Quelqu’un peut avoir une mission pour vous, vous y trouverez peut-être un précieux butin ou vous rencontrerez peut-être une bande de coyotes affamés sur le chemin. Je me suis contenté de me rendre aux points indiqués par mon journal de quêtes. Et j’étais bien couvert avec ça.

Les graphismes de type comic, avec des bordures noires bien marquées, confèrent une ambiance stylée au monde. Même si certains bâtiments et localités sont recyclés, Weird West offre tout de même une certaine diversité. La bande-son subtile et légèrement inquiétante fait le reste pour que ce Far West décalé fasse froid dans le dos.

Inventaire en cheni

Weird West est un jeu de rôle. Cela inclut notamment un système de crafting pour améliorer les armes et les armures. Vous trouverez le matériel nécessaire en lootant ou en creusant des gisements. Pendant vos voyages, vous aspirez tout ce qui n’est pas fixé au sol. Votre inventaire est plein à craquer ? En dehors des armes à feu, vous ne pouvez rien démonter pour libérer des emplacements. Pire encore que le mode tactique que j'avais négligé, je n'ai découvert qu'après 15 heures de jeu que l’on pouvait démonter les armes directement en les ramassant. J’ai toujours eu du mal à faire de la place dans mon inventaire trop petit.

Les sacoches de votre cheval, qui permet en outre de réduire les temps de trajet, sont également rapidement pleines. Comme c'est souvent le cas dans les jeux avec un système de loot, il est presque obligatoire de piller chaque caisse tiroir ou cadavre que l’on croise. Vous ne savez jamais quand vous tomberez sur une nouvelle arme ou encore un as de pique doré. Cette carte vous permet de débloquer des compétences supplémentaires pour tous les personnages. Vous gagnez notamment des points de vie, un rechargement plus rapide ou une meilleure probabilité de conserver le crochet lorsque vous crochetez des serrures.

Verdict : un monde et un système de combat captivant

Weird West est un mélange fascinant de jeu de rôle et d'action et d'horreur fantastique. L'histoire des cinq personnages jouables ne remporte certes pas de prix littéraire, mais le secret qui les relie tous m'a toujours donné envie de continuer à jouer. Même lorsque vous vous éloignez de la quête principale, il y a beaucoup à découvrir et à expérimenter. Certes, il est possible de résoudre pratiquement tous les problèmes à l'aide de fusils, mais si vous faites cela, vous passez à côté d’un des aspects principaux du jeu : l'expérimentation. La compétence Tourbillon d’un des personnages suivants permet de déclencher des tempêtes de poison et de feu. Vous pouvez également essayer de découvrir combien de tonneaux vous pouvez aligner pour former un domino explosif. Tout ça pour être découvert et vous faire exploser dans la précipitation.

Weird West ne semble pas être aussi complexe que les développeurs veulent le faire croire, mais je suis sûr que dès que le jeu sortira, de nombreux joueurs seront bien plus créatifs que moi.

Malgré toutes les libertés que le jeu vous laisse, Weird West peut parfois devenir un peu répétitif. En fin de compte, presque tous les jours il faut se rendre quelque part et mettre tous les ennemis hors d’état de nuire. Le jeu présente cependant de nouvelles mécaniques assez régulièrement pour ne pas devenir ennuyeux. Weird West est un voyage peu commun que vous n’oublierez pas de sitôt.

Weird West est disponible sur PC, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series S/X et a été mis à ma disposition par le studio.

Philipp Rüegg

Senior Editor

Philipp.Rueegg@digitecgalaxus.ch

En tant que fou de jeu et de gadgets, je suis dans mon élément chez digitec et Galaxus. Quand je ne suis pas comme Tim Taylor à bidouiller mon PC ou en train de parler de jeux dans mon Podcast http://www.onemorelevel.ch, j’aime bien me poser sur mon biclou et trouver quelques bons trails. Je comble mes besoins culturels avec une petite mousse et des conversations profondes lors des matchs souvent très frustrants du FC Winterthour. plus

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